Navigation du site La collection du ZLe septime ArtBandes dessinŽesConna”tre les couverturesListe rapide ˆ imprimerTous les romansTous les Hors-sŽrieEchanges recherchesBio et bibliographieIntroductionMichel Gourdon


Première partie

De 1950 à 1960

S.P. 11 - S.P. 244



LAISSEZ TOMBER LA FILLE (1950) - S.P. 11

 

Avez-vous vu un morse jouer du saxophone ? Non ? Moi non plus, à vrai dire, mais je ne désespère pas. En revanche, je vous jure, mes amis, que j'ai déjà entendu un saxophone jouer du morse : dans un cabaret ! Au début, je n'y prêtais pas attention, vu que tout mon intérêt était porté sur la ravissante créature assise à mon côté. Moi, vous me connaissez... Très enclin à la bagatelle, mais jamais dépourvu du sens du devoir. Si vous pouviez savoir ce qu'il racontait, ce saxo, sous ses airs langoureux... Vous m'excuseriez d'avoir laissé tomber la fille ! Mais vous n'allez pas tarder à le savoir, fidèles comme je vous connais.

 

LES SOURIS ONT LA PEAU TENDRE (1951) - S.P. 19

 

Un patron de bistrot portant, dans son arrière-salle, une épée à la taille, surtout au XX éme siècle, c'est assez extraordinaire. Mais franchement où ça se corse (chef-lieu Bastia - histoire de fomenter une petite guerre civile), où ça se corse, disais-je, c'est quand l'épée n'est pas à la taille du type, mais à travers la taille... Je tiens aussi à vous préciser que cette découverte n'est pas faite pour me réjouir, vu que l'épinglé était mon seul contact dans ce foutu bled... Pour lui, le contact a été plutôt rude, et pour moi, il risque de l'être aussi, je le crains, car j'entends déjà mugir, au loin, une sirène de police...

 

MES HOMMAGES À LA DONZELLE (1952) - S.P 30.

 

Il y a une multitude de choses dont j'ai horreur. Les jeunes filles de plus de quatre-vingt-dix-sept ans, tout d'abord. Le poisson mal cuit, aussi. Puis les liaisons mal-t-à-propos ; les ouatères de wagons de seconde classe ; les bitures de Bérurier et les imparfaits du subjonctif de Pinaud. Mais s'il y a une chose qui m'énerve par-dessus tout, qui me file au bord du delirium très mince, c'est qu'on s'asseye sur mon chapeau... Surtout au cinéma... Surtout quand on l'a fait exprès... Surtout quand c'est le dargeot d'un truand qui est l'outrageur... Surtout quand tout ça cache le commencement d'une aventure insensée !

 

DU PLOMB DANS LES TRIPES (1953) - S.P. 35

 

Quand j'étais môme et que ma bonne vieille Félicie m'emmenait en vacances à la montagne, dans le Jura, j'adorais fureter du côté de la scierie. J'ai toujours aimé l'odeur du bois fraîchement coupé et le grincement plaintif des scies mécaniques mordant le sapin... Non, ne croyez pas que je cherche à vous pondre de la Haute Littérature, ni que le bucolique (néphrétique) soit à l'ordre du jour, car je vous jure que cette passion de mon enfance, je l'ai perdue... A tout jamais... Car présentement, je me trouve lié sur une de ces scies qui faisaient mon admiration... Et c'est moi qui fais le rondin. La lame se trouve très exactement à 1 mm de mon buste et je ne dispose plus que d'un centième de seconde pour agir... C'est ce qui s'appelle avoir du pain sur la planche .

 

DES DRAGÉES SANS BAPTÊME (1953) - S.P. 38

 

Lorsque votre chef vous demande à brûle-pourpoint ce que vous pensez d'un copain, on ne peut que la boucler un instant, ne serait-ce que pour se demander ce qui le pousse à poser une question pareille et aussi comment on va y répondre. Le grand patron est agité. Il est adossé au radiateur, ou plutôt, comme il mesure deux mètres, il est assis dessus. Il passe sans arrêt sa main fine sur son crâne en peau de fesse véritable. Ses yeux bleuâtres me considèrent avec intérêt. Je sens qu'à moins d'accepter de passer pour une truffe le moment est venu de me manifester. Je me racle le gosier. -Wolf, je balbutie... Wolf... Ben, c'est un bon petit gars, non ? - Non, San-Antonio: Wolf n'est pas un bon petit gars, et vous le savez aussi bien que moi...

 

DES CLIENTES POUR LA MORGUE (1953) - S.P. 40

 

Si je voulais l'envoyer rejoindre Crâne pelé dans la baille, je n'aurais qu'une bourrade à lui administrer. Mais je ne tiens pas à procéder ainsi car ce faisant je perdrais le plus important témoin de mon affaire.

Et comme ce témoin est par la même occasion le principal inculpé, vous comprendrez sans qu'on vous l'écrive au néon dans la cervelle que je sois enclin à ne pas me séparer de lui. Un inculpé de cette catégorie, je l'aurai payé le prix !

 

DESCENDEZ-LE À LA PROCHAINE (1953) - S.P. 43

 

Le gars qui pourrait me prouver par a + b qu'il a, au cours de son existence, exécuté une besogne plus débectante que celle à laquelle je me livre depuis une huitaine de jours aurait droit, selon moi, au salut militaire, au salut étemel et à une place assise dans les chemins de fer. Faut vraiment avoir le palpitant arrimé avec du gros filin pour tenir le choc. Et je le tiens, moi, le choc, parce que mon job c'est justement de ne pas faire la fine bouche. Voilà une semaine que je visite les morgues de France à la recherche d'un cadavre...

 

PASSEZ-MOI LA JOCONDE (1954) - S.P. 48

 

Un petit loulou de Poméranie qui se tortille dans la clarté de mes phares. Il vient de se faire ratatiner par une bagnole.

Moi, bonne pomme, je descends pour lui administrer la potion calmante et définitive. Et voilà !

Je viens de mettre le doigt dans un engrenage qui conduit à une Joconde au sourire plutôt inquiétant.


 

SÉRÉNADE POUR UNE SOURIS DÉFUNTE (1954) - S.P. 52

  

Voilà maintenant que le Boss me fait prendre les patins de ses amis ! Il faut reconnaître que le turbin qui échoit sur la tête de son pote est de first quality !

Jugez plutôt : son fils va être cravaté de chanvre incessamment et peut-être avant par la justice britannique. Je vêts l'habit ecclésiastique pour rencontrer le condamné. Brusquement, je sens que ce mec est innocent. Une drôle de sérénade en perspective !

 

RUE DES MACCHABÉES (1954) - S.P. 57

 

Au lieu de passer au centre des chèques postaux, aujourd'hui, j'aurais mieux fait de me consacrer à des amours ancillaires (celles que je préfère).

Au guichet, j'avise un vieux type blême et pâle des crayons qui retire de l'artiche. Où ça se complique, c'est quand je retrouve pépère, assis dans sa bagnole, bien sagement, mais un peu mort ! Alors je me mets en piste, courant de surprise en surprise au long de la rue des Macchabées.

 

BAS LES PATTES ! (1954) - S.P. 59

 

Vous me croirez si vous voudrez, comme dit mon éternel Bérurier, mais à Chicago, un flic français en mission officielle a beaucoup plus de problèmes avec la police locale qu'avec les gangsters ! Nulle part au monde, les poulets n'aiment qu'on vienne marcher sur leurs plates-bandes, mais aux Etats-Unis, c'est pire qu'ailleurs... Peut-être qu'ils craignent qu'on leur pique leur " enveloppe " au passage ! Halte-làl... Pas touche !... Bas les pattes !... C'est notre affaire... BAS LES PATTES ! ils disent, les poulagas, et les durs répliquent " hands up ! ", ce qui prouve que ce pays est bien celui des contradictions. Il n'y a que les gonzesses qui soient comme chez nous... Surtout les taxi-girls à qui j'ai eu affaire tout au cours de ma mission... Leur devise, à elles, ce serait plutôt " legs up ", " jambes en l'air " si vous préférez.

 

DEUIL EXPRESS (1954) - S.P. 63

 

Ce bouquin doit suffire à intriguer un zig dont l'existence n'est pas particulièrement de tout repos. Il va se demander si c'est un coup de la police ou d'une autre bande.

Dans l'expectative, il lira.

Quant à moi, en voilà assez pour aujourd'hui. Je n'ai plus qu'à aller me coller dans les toiles en attendant que la Terre ait fini son petit tour dans le noir


 

J'AI BIEN L'HONNEUR DE VOUS BUTER (1955) - S.P. 67

 

Je marche un peu, histoire de briser ma tension nerveuse. Mais c'est une coriace que cette tension-là1 Une seconde cigarette ne l'entame pas davantage. Au contraire, j'ai l'impression qu'elle est toute prête à se rompre... Je jette un coup de saveur à ma breloque; voilà près de deux heures qu'elle est entrée dans la carrée, Elia... Et celle-ci demeure aussi inerte et silencieuse qu'auparavant. Il n'y a toujours qu'une fenêtre éclairée... Et quand je dis éclairée, j'exagère... Simplement on décèle une lueur... Que fabrique-t-elle derrière cette façade croulante?...

 

C'EST MORT ET ÇA NE SAIT PAS ! (1955) - S.P. 71

 

Je vous ai déjà passablement baladés à travers le monde, dans toutes les couches de toutes les sociétés, mais je n'ai pas souvenir de vous avoir présenté le Pape. N'en déduisez pas trop vite que ce bouquin se passe au Vatican et que Sa Sainteté, que je respecte profondément, est l'acteur d'une de mes facétieuses aventures! Vous n'y êtes pas du tout. Le Pape dont je parle, s'il s'appelle Paul, ne porte pas de matricule ou plutôt n'en porte plus, vu que voilà bientôt dix piges qu'il est sorti de taule. Et c'est en toute candeur qu'il a troqué la casquette-à-julot pour la tiare pontificale de la religion... luciférienne! Cette fois, vous avez pigé ! Oui, mes amis, je vous emmène faire un tour dans une société secrète, avec messes noires, sacrifices et tout le schbigntz...Vous l'imaginez, votre San-Antonio, en enfant de diable? Ne vous inquiétez pas si mon encensoir fume, c'est qu'il vient de cracher quelques bastos de 9 mm.

 

MESSIEURS LES HOMMES (1955) - S.P. 76

 

Savez-vous que la pègre vient de s'enrichir d'une nouvelle recrue ? Et pas une demi-portion, croyez-moi1 Du vrai casseur... Du qui file la rouste aux caïds de Pigalle... Du qui se permet de descendre un flic en plein commissariat. Son nom ? Pour Messieurs les hommes, il s'appelle Bemard Tonacci... Ça ne vous dit rien? Alors, je vais vous en balancer davantage : à la P.J., ce zigoto est plus connu sous le nom de commissaire San-Antonio. Pas de panique... Rassurez-vous, je n'ai pas changé de bord... Mais il faut admettre que tout pourrait le laisser croire au début de ce chef-d'oeuvre.

 

DU MOURON SE FAIRE (1955) - S.P. 81

 

Cette histoire a commencé très bizarrement. Depuis une quinzaine, je me faisais tarter à Liège, dans l'attente d'éventuels espions qui devaient passer par là. Pourtant, j'adore cette ville au charme provincial, mais franchement, quinze jours sans action... Ça me devient vite insupportable. Et puis un matin, alors que j'étais encore dans ma chambre d'hôtel, mon attention a été sollicitée par un curieux éclat lumineux. Je me suis approché par le balcon de la chambre voisine, et là j'ai vu le spectacle le plus insolite de ma vie. N'allez pas imaginer du gaulois..., du paillard..., du pomo... Pas du tout.Il y avait dans la pièce un brave monsieur occupé à fourrer des fruits confits avec des...diamants! Quelques heures plus tard, je l'ai revu, le type. Mais je n'ai pas eu l'occasion de lui poser des questions, vu qu'il était en train de tomber du sixième étage dans une cage d'ascenseur...

 

LE FIL À COUPER LE BEURRE (1955) - S.P. 85

 

L'ambiance de la Foire du Trône, c'est quelque chose d'inoubliable pour un môme.De temps en temps, ça ne fait pas de mal d'aller prendre un bain de jeunesse pour se laver de toute la pourriture quotidienne. Seulement moi, je ne peux plus faire trois pas sans rencontrer des connaissances : la rançon de la gloire, quoi! Bien sûr, mon métier m'a amené dans tous les milieux, et je compte des amis dans les sphères les plus hautes. Pourtant, ce jour-là, je n'ai pas eu affaire au gratin. Et cette furieuse bagarre parmi les joyeux fêtards m'a valu de retrouver ce vieux Carmona! Et de me plonger dans une des aventures les plus ahurissantes...

 

FAIS GAFFE À TES OS (1956) - S.P.90

 

Derrière moi, il y a le passage à niveau où l'homme se fit ratatiner par un rapide... Je laisse ma voiture sur le bord du fossé et je me mets en quête du numéro 12... Pas marle à dénicher... C'est une petite construction sans étage, couverte d'ardoise... M'est avis qu'il s'agissait d'un pavillon de chasse situé au fond d'un parc. La voie ferrée a coupé le parc et on a vendu le morcif de terrain avec la masure. Schwob l'a fait réparer, mais il y a un certain temps, car elle n'est plus très fraîche... Les volets sont clos... Dans la lumière blafarde de la lune, ce pavillon a quelque chose d'inquiétant. J'ai comme l'impression de l'avoir déjà vu sur la couverture de " Mystère-Magazine "!

 

A TUE... ET À TOI (1956) - S.P.93

 

Dubois, lui, tout en gobant ses marennes, m'expliquait en détail la gastro-entérite de sa femme de ménage...

C'est vous dire si la plus totale harmonie régnait dans la salle à manger de ces bons amis !

Et soudain, au moment pile où la mère Dubois se la radinait, portant triomphalement une gigantesque marmite recelant le cassoulet : vlan ! ou plutôt " dring !" le bignou s'est mis à carillonner...


 

ÇA TOURNE AU VINAIGRE (1956) - S.P. 101

 

Béru ne bronche pas... Je lui file une bourrade et le Gros bascule contre la vitre. Alors,je sens une cohorte de fourmis envahir mon calbar et remonter le long de mon anatomie. J'actionne le plafonnier de la voiture et je vois une formidable flaque de sang surla banquette.

Le Gros a bloqué une praline dans la région du cou et il s'est à peu près vidé. Tel, il me paraît un peu mort. Toute l'affection que je lui porte me remonte à la gorge. - " Béru ! je balbutie. Béru, vieux pote, joue pas au con... Tu m'entends, dis ? "

 

LES DOIGTS DANS LE NEZ (1956) - S.P 108

 

Il se soulève, prend sa chaise et me l'abat sur le crâne. Aussi fastoche que je viens de vous le dire. Mon bras paralysé par le coup de poêle à frire n'a pas eu la force de se lever pour braquer le soufflant.

Je biche le siège en pleine bouille et illico je me trouve inscrit au barreau. Ça se met à toumiquer autour de moi. J'essaie de me cramponner à la table, mais des nèfles ! Je vais à dame. Le couple de petits rentiers tranquilles me saute alors dessus et fait une danse incantatoire sur ma personne.

 

AU SUIVANT DE CES MESSIEURS (1957) - S.P. 111

 

Comme j'ouvre la porte, je fais un bond en arrière qui m'envoie dinguer dans le porte-pébroques. Il y a trois messieurs sur le paillasson, qui s'apprêtaient à sonner.

Et ceux-là, pas d'erreur possible, ce sont des vrais de vrais. Ils ont des bouilles qui ne trompent pas. Ils seraient nègres ou nains que ça ne se verrait pas davantage.

Le gnard San-Antonio se demande à la brutale si, par hasard, ça ne serait pas le commencement de la fin.


 

DES GUEULES D'ENTERREMENT (1957) - S.P. 117

 

Il me regarde avec intérêt et commisération. - Vous êtes monsieur Berthier? demande-t-il. Il se dégrafe le col pour avoir plus de possibilités oratoires.

- Non,réponds-je, pourquoi ? - Je venais à cause que Mme Berthier a eu un petit ennui, fait-il gauchement. - Ah ? - Oui, elle s'est fait écraser par une auto...

- Et elle est morte? -Tuée net. - C'est ce que vous appelez un petit ennui, vous?


 

LES ANGES SE FONT PLUMER (1957) - S.P. 123

 

Une lettre et un chiffre rédigés hâtivement sur un petit bout de papier : K 2. Ça pouvait vouloir dire beaucoup de choses... Ça pouvait ne rien signifier du tout... Mais moi je ne crois pas qu'on puisse écrire deux signes, comme ça, sans que quelque chose ne se trame quelque part. K 2 ? Une marque de détachant... Il manque le R. Un morceau de jeu de bataille navale ? Pas sérieux... Le nom du deuxième sommet du monde, le KapaDue? Pourquoi pas... K 2? Ça ne vous dit rien, à vous? Moi si... aujourd'hui...Aujourd'hui... que j'ai rassemblé tous les éléments du puzzle.

 

LA TOMBOLA DES VOYOUS (1957) - S.P. 129

 

Quand on prétend être un grand pêcheur, l'as de la ligne toutes catégories, il ne faut pas dévoiler ses secrets... surtout quand ils sont aussi curieux que ceux du valeureux Bérurier. Devinez avec quoi il appâte, le Gros? Avec certaines parties des bovins qui constituent toute la différence entre un taureau et un boeuf, si vous voyez ce que je veux dire? Et c'est à cause de cette bizarre technique que tout a commencé. Nous étions penchés sur un immense bac d'abats, aux Halles, à la recherche du morceau convoité, quand le père Pinaud qui nous avait accompagnés pousse un léger cri et s'évanouit. Un coup d'oeil dans le bac m'avait renseigné... Ce n'était vraiment pas beau à voir, et ça n'avait jamais appartenu à un Quadrupède !

 

J'AI PEUR DES MOUCHES (1957) - S.P. 141

 

Moi, vous me connaissez? Je n'ai jamais eu peur de rien1 J'ai entendu siffler pas mal de balles à mes oreilles... Il m'est mème arrivé de ne pas les entendre passer pour la bonne raison que je les avais interceptées au vol... Je me suis bagarré avec des typesplus colosses que celui de l'île de Rhodes, j'ai pris des gnons... sans jamais connaître le sentiment de la peur. On m'a fait le coup de la baignoire, celui de la scie à métaux sur le tibia, les allumettes enflammées sous les ongles, la cigarette écrasée sur la joue, et toujours sans m'arracher un cri ni un mot. C'est à peine si je perdais le sourire. Et pourtant... aujourd'hui, " J'ai peur des mouches "... Ces minuscules diptères me terrorisent, car dans la contrée où je suis, elles véhiculent la mort... La plus atroce des morts.

 

LE SECRET DE POLICHINELLE (1958) - S.P. 145

 

Quatre jours après cette partie de chasse mémorable qui se solda par une hécatombe,le Vieux me fait appeler dans son burlingue secret. La pièce est triste comme un vieux numéro de la " Revue boursière ", et le maître des Services paraît aussi joyeux qu'une catastrophe minière. Il est droit devant son bureau d'acj ou lorsque j'entre. Ses poings sont posés à chaque extrémité de son sous-main et son ront relié pleine peau de fessebrille à la lumière de son réflecteur. - " San-Antonio, vous ne devinerez jamais la raison pour laquelle je vous ai mandé... "

 

DU POULET AU MENU (1958) - S.P. 151

 

Lorsque la grande aiguille de ma montre a fait sa révolution sur le cadran, la porte de l'usine se rouvre et mon zigoto réapparaît. Il est plus furtifqu'un souvenir polisson et il se met à foncer dans la partie obscure du quai, la tronche rentrée dans les épaules... Il marche vite, sans courir cependant... Il semble avoir peur... Oui, pas de doute, il est terrorisé... Je lui laisse du champ et je démarre en douceur. Soudain, il se cabre. Dans l'ombre, devant lui, se tient une seconde auto, tous feux éteints... Il marque un temps et s'écarte pour passer. Dedans, j'aperçois vaguement deux silhouettes...

 

TU VAS TRINQUER, SAN-ANTONIO (1958) - S.P. 157

 

Deux ivrognes et un clébard, voilà tout ce dont je dispose pour démarrer mon enquête aux U.S.A.

Les deux poivrots ont pour noms Bérurier et Pinaud et le chien est un gentil boxer, baveur à souhait ! L'Empire State Building aux pieds de Béru, il faut avoir vu ça.

Mais je vais en voir bien d'autres au milieu de la pègre new-yorkaise. Mes acolytes boivent, mais c'est naturellement votre bon San-Antonio qui va trinquer.


 

EN LONG, EN LARGE ET EN TRAVERS (1958) - S.P. 163

 

Le roi de la sardine à l'huile a disparu ! La recherche dans l'intérêt des familles, c'est pas mon blot! Mais quand Béru et Pinaud se volatilisent à leur tour, je me mets en chasse... En compagnie de la légitime du disparu. Une jeune femme inconsolable...

Inconsolable ? Tous les locataires de l'hôtel de la Manche affirment l'avoir entendue gémir toute la nuit... Mais pas de chagrin, croyez-moi ! Approchez, mes belles, je vais vous raconter ça en long, en large et en travers.

 

LA VÉRITÉ EN SALADE (1958) - S.P. 173

 

Le maquillage de la mémère se craquelle comme une terre trop cuite. Elle a trois tours de perlouzes sur le goitre, deux suspensions avec éclairage indirect aux étiquettes et une dizaine de bagues qui la font scintiller comme l'autoroute de l'Ouest au soir d'un lundi de Pâques.

Figurez-vous que ce monticule aurifié et horrifiant s'envoie un jules de vingt... carats ! Seulement, ce petit téméraire vient de se faire allonger..., du moins tout le donne à penser... " Fouette dents de scie ", comme dit Bérurier, cet angliciste distingué !

 

PRENEZ~EN DE LA GRAINE (1959) - S.P. 179

 

Mes petits lecteurs chéris, je crois que depuis le temps qu'on se connait on commence à bien se connaître, comme le disait si justement Vincent Toriol à la bataille de Marignan (33, Champs-Elysées, Paris).

Alors je vais vous en annoncer une qui méritera d'être prise en considération et dans le sens de la hauteur: je compte vous faire rire avec ce bouquin.

 

ON T'ENVERRA DU MONDE (1959) - S.P. 188

 

- Eh bien! Eh bien, Béru, t'as des vapeurs ?

- M'en parle pas, balbutie-t-il, je suis un mec terminé !

- On en reparlera quand tu seras dans ton costar en planches, dis-moi un peu ce qui ne carbure pas ?

Ma femme a disparu, lâche le Gros. Et de ponctuer cette révélation par un bannissement qui fêlerait une plaque de blindage.


 

SAN-ANTONIO MET LE PAQUET (1959) - S.P. 194

 

C'est par un petit événement en marge de nos activités professionnelles que démarre cette fois-ci l'aventure.

Une aventure vraiment extraordinaire, vous pourrez en juger par la suite si vous avez la patience de poursuivre.

Une aventure comme, à dire vrai, il ne m'en était encore jamais arrivé.


 

ENTRE LA VIE ET LA MORGUE (1959) - S.P. 201

 

- Qu'est-il arrivé? s'inquiète le chef de train. - Ça se voit, non?

- Cette personne est tombée? - Un peu, et elle s'est plutôt fait mal.

- Elle était avec vous? - C'est-à-dire qu'elle se trouvait dans mon compartiment. Je lui bonnis l'incident du mironton venu tirer la chevillette. Elle portait des lunettes, dis je. Il paraît qu'elle a voulu aller aux toilettes et s'est trompée de lourde.


 

TOUT LE PLAISIR EST POUR MOI (1959) - S.P. 207

 

J'ai rencontré à travers le vaste monde et le long de ma vie bien des femmes exigeantes. Des qui me demandaient de remplacer leur mari au pied levé ; des qui réclamaient ceci et d'autres qui sollicitaient cela et toujours je me suis évertué à les satisfaire. Mais la frangine, ce coup-là, attend vraiment l'impossible de votre San-A.chéri... Un impossible réellement... impossible... Mais moi, vous me connaissez ; rien ne peut m'arrêter ! Alors, poliment, je me penche sur le décolleté de la poupée et je susurre : " Mais voyons, chère amie, tout le plaisir est pour moi !"

 

DU SIROP POUR LES GUÊPES (1960) - S.P. 216

  

Vacances peinardes sur la Côte... Boîte de nuit dans la pinède... Une frangine de vingt berges dans mes bras... Et voilà que ça démarre... Un ancien pote à moi vient se faire rectifier à mon nez et à ma barbe...

Un Bérurier beurré qui se radine... Un nouveau meurtre... Finie ma belle tranquillité...

Décidément, j'attire l'embrouille comme le sirop attire les guêpes !


 

DU BRUT POUR LES BRUTES (1960) - S.P. 225

 

Boris Alliachev, vous connaissez ? Espion intemational... Recherché dans une tripotée de pays... Enfin le genre de mec que tout flic normalement constitué rêve d'agrafer à son palmarès ! Figurez-vous que je l'ai précisément sous les yeux, en ce moment... Il est assis dans un restaurant russe et il jaffe du caviar comme un qui aurait la conscience tranquille et le larfouillet bourré. Seulement voilà qu'un pastaga démarre dans les parages : un jules, laid comme un dargifde singe, entreprend de dérouiller sa poule, une ravissante môme de vingt berges. Mais ce n'est pas le genre de chose qu'on fait devant S.-A., pas vrai ? Alors je sors mon uppercut des grands jours... Et pendant la bagarre, le Boris, lui, il prend la tangente ! Vilaine affure, les gars, mais cette brute deS.-A. n'a pas dit son dernier mot !

 

J'SUIS COMME ÇA (1960) - S.P. 233

 

Y'en a d'autres qui sont autrement, mais moi, que voulez-vous, j'suis comme ça ! Vous le savez, je suis habitué aux coups les plus durs et les plus vaches. Mais celui qui m'arrive sur le coin de la hure est le plus bas que j'aie jamais encaissé : ON A KIDNAPPE FELICIE ! Si vous n'avez jamais vu un San-Antonio féroce, un San-Antonio effrayant de colère, vous allez être servis. Avec Béru, on s'est bien juré que le premier des ravisseurs de ma mère qui nous tombera sous la paluche aura droit à une concession au Père-Lachaise... Qu'on se le dise !

 

SAN-ANTONIO RENVOIE LA BALLE (1960) - S.P. 238

 

Il y a des jours où c'est pas votre jour ! C'est pas Bérurier qui me contredira ! Pourtant, il était plutôt batouze avec son élégant costume aubergine et ses bottes de pêche... Paré qu'il était pour assister à la grande rencontre de football France- Exéma ! Il est balèze, le Béru, seulement de là à affronter les onze joueurs de l'équipe de France...

Dimanche mémorable qui a marqué le début de la plus fantastique enquête de ma carrière. Et si les balles ont plu sur le terrain, c'était pas toujours en direction des buts !

 

BERCEUSE POUR BÉRURIER (1960) - S.P. 244

 

Je file un coup de périscope hors de ma tire et j'avise une Aronde qui se pointe à ma hauteur.

L'espace d'une seconde, je me dis qu'il s'agit peut-être d'un coup fourré organisé par des malfrats qui en voudraient à mes os préférés, mais je décide que des truands ne klaxonneraient pas pour se signaler à mon attention et que, d'autre part, ils ne rouleraient pas dans une Aronde.

Alors je lève le pied...


 
 

Fin de la première partie

 
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